Brandon LaBelle

Brandon LaBelle

http://www.brandonlabelle.net

Hobo College for Itinerant Studies (Confessions of an overworked artist), 2014

Le projet se construit autour des thématiques de la migration, du travail, de la créativité, de l’épuisement et du voyage au travers la figure du vagabond : le travailleur migrant qui traverse l’Amérique au début du Xxe siècle, sautant dans les trains, couchant hors de la ville, à la recherche de travail. Le vagabond est l’incarnation complexe du travailleur moderne sous la pression du capital. Comme le comprend dès les années 1920 Nels Anderson, pour gérer le vagabond, « la société doit s’occuper des forces économiques qui ont formé son comportement ». Aussi, la culture du vagabondage était à la source de la pensée anarchiste, l’organisation sociale et les protestations politiques, conduisant à des tentatives de négociation entre les exigences de travail et l’esprit de la route – le vagabond est une figure à la recherche de liberté plutôt que de travail facile.

Hobo College for Itinerant Studies (Confessions of an overworked artist), 2014, ESAV Marrakech

Hobo College for Itinerant Studies (Confessions of an overworked artist), 2014, ESAV Marrakech

Le projet suit donc le vagabond comme une figure historique toujours présente aujourd’hui, tissant un lien entre ces premiers travailleurs-errants et les contemporains du ”precariat”, et en particulier le « créatif » – figure définit par le nouvel esprit capitaliste. Partant de la fondation de ce qui est connu sous le nom de « Hobo College » (L’université des vagabonds) (Chicago, 1908), le projet rassemble une collection d’objets, de documents, et d’œuvres audio et visuel qui tendent à réfléchir un discours autour de ce qui est passagé, transitoire : une université consacrée aux études itinérantes et donc aussi la notion de savoir itinérant. Ici, le vagabond nous permet d’imaginer les routes autour du capital cognitif, où la stupidité et l’incompétence, les codes et fantaisies secrets de Big Rock Candy Mountain peuvent saisir le malaise du corps précaire.


 

Brandon LaBelle est un artiste, écrivain et théoricien. Il utilise à la fois le son, la performance, le texte et les constructions sur le terrain pour élaborer des œuvres qui questionnent la vie sociale. Il en résulte des projets contextuels et situationnels dans l’espace public, actes de traduction (ou contresens) et d’archivage, ou encore des micro-narrations du commun (ou de l’extraordinaire).

Son travail a été présenté au Whitney Museum de New York en 2012, Image Music Text à Londres (2011), Sonic Arts, Amsterdam ( 2010), A/V Festival, Newcastle (2008, 2010), Instal 10 (Glasgow, 2010), Museums Quartier/Tonspur, Vienne ( 2009), 7e Biennale de Mercosul, Porto Allegro, (2009), Center for Cultural Decontamination à Belgrade ( 2009), Tuned City, Berlin ( 2008), Casa Vecine, Mexico City ( 2008), Fear of the Known, le Cap, (2008), Netherlands Media Art Institute, Amsterdam ( 2003, 2007), Ybakatu Gallery, Curitiba ( 2003, 2006, 2009), Singhur Gallery, Berlin (2004), et ICC, Tokyo (2000). Il est également un écrivain prolifique, il est l’auteur entre autres, de Diary of an Imaginary Egyptians (Errant Bodies, 2012), Acoustic Territories : Sound Culture and Everyday Life (Continuum, 2010) et Background Noise : Perspectives on Sound Art (Continuum 2006).